"Par l’effet d’une disgrâce profonde, irrémédiable, géologique, le Limousin figure en bonne place au palmarès des »moins bonnes terres ». Ses trois départements sont à peu près coextensifs à la bordure occidentale du Massif central. L’histoire des hommes accuse celle de la nature. Un magma cristallin a percé, voilà six cents millions d’années, l’écorce terrestre, culminé à plusieurs milliers de mètres avant que l’érosion, le temps ne l’attaquent, comme toute chose. Il en est resté la houle figée, monotone, à laquelle on se heurte lorsque, descendant du nord, par le riant bocage berrichon, on aborde la sombre Creuse ou que, montant du Périgord, qui a nourri Michel Eyquem, seigneur de Montaigne, dont on parlait, on s’engage dans les tortueux défilés de la Corrèze avant d’atteindre, d’ahan, les farouches hauteurs de Millevaches, le berceau des sources – mille aquas.
Longtemps, les »bonnes terres », celles de l’Aquitaine et du Berry, par exemple, n’ont pas suffi à fournir les quatre-vingts millions de quintaux auxquels était subordonnée la survie du peuple français. Alors, on grattait les sols calcaires qui ressemblent à de l’os, la terre noire, acide, humide, trop légère des hauteurs granitiques. Celles-ci – je le sais, je l’ai vu- livraient à grand peine quatorze quintaux de seigle à l’hectare quand la même superficie de la Beauce et de la Brie en fournissait quatre-vingt-cinq, de pur froment. C’est pourquoi Paris règne en majesté sur les riches labours et les belles futaies d’Ile-de-France et, au-delà, sur tout le pays. Elle brille d’un éclat qui a fait d’elle, longtemps, la reine du monde et la mire des nations. C’est elle qui décide de la politique générale mais aussi du bel air et du bon ton, des élégances vestimentaires et des modes artistiques, elle qui a inventé, pêle-mêle, les droits de l’homme et du citoyen, le grand style (c’est l’Académie), l’impressionnisme et le french cancan, le cubisme, l’art nègre, la poésie moderne…"
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http://www.thierrygirard.com/textes/p-bergounioux-limousin.htm
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